Quand une maman perd sa maman

soleil

C’était un 6 juin, à l’aube.

Comme ce 6 juin 1944, ou des dizaines de milliers de soldats alliés sont venus à notre secours pour nous libérer de l’oppresseur. Des milliers sont morts ce matin là. Sans doute l’âme de l’un d’entre eux est partie s’envoler quelque part, et est arrivée au bout de quelques temps d’errance dans le corps de ce petit bébé qui est né un jour de novembre 46.

Cette belle âme a peut être revécu le drame du 6 juin, et a décidé de s’en aller ce jour là, une seconde fois.

Elle a vécu une belle vie, bien que beaucoup trop courte à mon gout. Elle a tout donné pour son mari et ses enfants, les faisant toujours passer en priorité devant ses besoins et ses désirs.

Elle avait une empathie démesurée, toujours prête à écouter les autres. lorsqu’elle demandait « ca va ?  » c’était une vraie question, à laquelle elle attendait une vraie réponse.  Elle écoutait attentivement, prodiguant réconfort et conseils. Elle faisait attention aux autres.

Elle n’a jamais compris la méchanceté.

Au fil du temps elle était presque devenue  ma meilleure amie, je pouvais lui parler des heures de ses petits enfants, sans qu’elle ne soit jamais lassée. Car ses petits enfants, c’était le bonheur de sa vie. Elle adorait plus que tout les avoir chez elle, pour leur mitonner de bons petits plats, leur raconter une histoire, ou tout simplement les regarder jouer, un sourire au coin des lèvres.

Sa disparition n’était pas « prévisible », même si elle se battait contre une longue maladie comme on dit pudiquement. Les médecins nous avaient assuré que ça ne serait qu’un mauvais moment à passer, une année juste un peu difficile.

Lorsque j’ai vu le numéro s’afficher sur mon téléphone ce matin là, j’ai su. Et j’ai eu la sensation qu’on m’arrachait le cœur hors de ma poitrine.

J’ai puisé dans le peu de forces que j’avais pour soutenir mon père, et l’aider à gérer les obsèques.

Lorsque j’ai dû annoncer à mon fils que sa mamie était partie pour toujours, on aurait dit qu’on lui avait enlevé son jouet préféré.  » oh non ! » a-t-il dit. Les questions sont venues bien plus tard : « mais quand papi mourra, on ira plus dans sa maison alors ? » oups.. répondre à ça et devoir regarder la réalité en face..

Ma fille quant ‘à elle a fait une drôle de moue, mais rien de plus sur le moment. Elle a pleuré à chaudes larmes un soir, deux mois après..

J’ai souffert pour moi qui ai perdu ma mère,

j’ai souffert pour mes enfants qui ont perdu leur grand mère,

j’ai souffert pour mon mari qui a perdu sa belle-mère. Car pas de chance, ces 2 là s’adoraient. Et tant pis pour les clichés. Les belles âmes savent se reconnaitre, quand elles se rencontrent.

J’ai souffert pour tous ces gens qui sont venus pleurer sur mon épaule le jour de son enterrement.

J’ai dû apprendre à vivre avec, ou plutôt à vivre sans.

Sans ses petites attentions, sans ses coups de fils réguliers pour prendre des nouvelles, sans ses cartes d’anniversaires, sans ses petits plats qu’elle amenait dans des tupperwares quand elle venait à la maison..

Une absence que je ressens toujours malgré les années qui passent.Le temps attenue la douleur dit-on, mais elle reste tapie au fond de moi, prête à resurgir au moindre souvenir,  au moindre moment que j’aimerais partager avec elle.

Et j’en voudrais presque à tous les grands parents du monde, d’être juste en vie, et de pouvoir profiter de leurs petits enfants..

Je suis consciente de la forte charge émotionnelle de ce billet. il est écrit depuis plusieurs semaines. Je me devais de le publier, pour elle, pour moi, pour lui rendre hommage.

 

 

 

26 réflexions sur “Quand une maman perd sa maman

  1. J’ai évidemment pleuré du début à la fin de ton billet; je sais ce que c’est que de perdre un parent, j’ai perdu mon propre père un petit mois après la naissance de ma fille ainée, il n’a jamais connu mes enfants et ne m’aura jamais connu autrement que « fille ». La mort est absurde, je trouve l’absence de mon père absurde. Les êtres sont là et remplissent tout l’espace et tout à coup l’absence. Cruel et absurde. C’est vrai, on s’habitue, et pourtant, le sentiment d’injustice et le chagrin demeureront, difficile dans ces conditions de ne pas le transmettre à ses enfants. J’essaie pour mes filles de faire de la mort de leur grand-père une chose « normale », mais je sens bien que ça sonne faux.
    Bref. Je t’envoie tout le réconfort possible.

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  2. Quand tu parles de ta mère j’ai l’impression que c’est la mienne que tu décris… Du coup forcément je me suis vue à ta place et j’ai pleuré… J’suis sensible en ce moment…. snirfle

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  3. ça fait plusieurs fois que je veux lire ton article, mais le titre m’arrête à chaque fois. J’ai encore ma maman et je n’ose imaginer le jour où elle ne sera plus là et comme tu dis je profite de ma maman autant que possible. aujourd’hui j’ai lu ton article qui m’a bien serré la gorge et je te souhaite plein de courage pour supporter ce manque.

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  4. Pingback: Il y a bien quelqu’un au bout du tuyau… |

  5. Je découvre ce billet aujourd’hui, et tu me fais pleurer. Ca me rappelle un peu trop la mort de mon grand-père, et ce qu’a pu souffrir mon père (son fils) dans ces instants.

    Je ne sais pas trop quoi dire d’autre (pour une fois …) …

    Je t’embrasse !

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  6. Pingback: comment j’ai dit au revoir à ma mère à travers mes rêves | maman délire !

exprime toi, je suis toute ouïe !